Distributeurs de billets : retirer de l’argent pourrait bientôt coûter plus cher

Un retrait de billets dans un distributeur automatique de billets (DAB) pourrait prochainement coûter plus cher. Avec l’essor des banques en lignes, les établissements bancaires traditionnels souhaitent revoir leurs facturations.

Augmentation des commissions

Lors d’un retrait d’espèces dans une banque qui n’est pas la nôtre, l’opération n’est pas facturée au client tant que le nombre de ces retraits reste raisonnable. Selon les établissements, cette opération est facturé 1 euro au-delà de trois à sept retraits par mois dans un établissement concurrent.

Cette facturation est justifiée par les banques par l’installation et l’entretien des distributeurs qui constitue des dépenses importantes. Un DAB représente en effet près de 35 000 euros à l’achat et engendre des frais d’entretien et d’approvisionnement non-négligeable. Lors d’un retrait sur une machine d’une banque concurrente, celle-ci demande une commission de 57 centimes à la banque du client pour le service rendu. Cependant, les banques traditionnelles souhaitent relever la commission facturée à certaines enseignes concurrentes (banques en lignes) lorsqu’un de leurs clients utilise leurs distributeurs. En effet, l’objectif de cette future augmentation est de facturer davantage les banques à distance qui n’ont pas de réseaux de DAB à entretenir.

Les banques en lignes ne disposant pas de distributeurs à leur nom, leurs clients sont obligés d’utiliser les automates des banques traditionnelles pour retirer de l’argent. Pour le moment, cette commission est sans incidence pour les clients des banques en lignes qui bénéficient la plupart du temps de retrait illimité avec une carte gratuite. Or, le montant de la commission est identique à celui que se facture entre elles les banques qui disposent d’un réseau d’agences. Ces dernières ne souhaitent pas laisser un nombre croissant de Français séduit par les tarifs bas des banques en lignes profiter de leurs infrastructures à moindres frais. À l’avenir, les néo banques pourraient donc être obligées de facturer des commissions à leurs clients, afin d’alléger les commissions interbancaires plus lourdes imposées par les banques traditionnelles.

Disparition des distributeurs de billets en France

Afin de réaliser des économies, certains établissements traditionnels suppriment des DAB jugés non rentables. Ainsi, près de 5 000 distributeurs automatiques de billets ont disparu ces six dernières années.

Cela s’explique en partie par l’utilisation par les Français d’autres moyens de paiement, comme la carte bancaire ou le paiement sans contact avec un smartphone. D’ailleurs, la France fait partie des pays Européens où le montant moyen des retraits est le plus bas (29 euros). De même, pour le nombre de retraits par personne et par semaine (environ 1 par semaine) d’après les données de la Banque centrale européenne. Par ailleurs, les élus font pression sur les banques afin qu’elles maintiennent des DAB en zone rurale. Le Sénat a d’ailleurs voté une loi en fin d’année 2018 qui oblige les établissements bancaires qui suppriment un distributeur à en rouvrir un dans un rayon de 10 km. Cette offensive bancaire prend donc place dans un contexte particulier où la baisse des paiements en espèces pèse globalement sur la rentabilité des distributeurs de billets. Reste que la volonté des banques traditionnelles de relever les commissions est loin d’être comblé, car déterminer un bon niveau de commissionnement pour l’ensemble du réseau n’est pas une chose aisée. D’autant plus que l’Autorité de la concurrence française veille aux intérêts des consommateurs.